La place et les textes du Coran au sujet de l'homosexualite

Il est difficile de définir la "position islamique" sur l'homosexualité comme un phénomène monolithique, simplement parce que l'islam est un groupe religieux très diversifié qui compte quelque 1,6 milliard d'adeptes sur les six continents. Dans la plupart des pays musulmans, l'homosexualité est illégale et dans certains pays, dont l'Iran et l'Arabie saoudite, elle est passible de la peine de mort. Dans d'autres, comme la Jordanie et la Turquie, l'homosexualité n'est pas considérée comme un crime.

La plupart des érudits islamiques s'accordent à dire que l'homosexualité est incompatible avec la théologie islamique. Ils ont tendance à s'appuyer sur l'histoire de Lot dans le Coran (qui figure également dans l'Ancien Testament), qui relate la destruction de la tribu de Lot, prétendument en raison de ses actes homosexuels, comme "preuve" de la condamnation de l'homosexualité par Dieu. De nombreux érudits citent également les Ahadith (déclarations attribuées au prophète Mohamed) qui condamnent l'homosexualité. Les condamnations théologiques et juridiques de l'homosexualité peuvent engendrer des perceptions au niveau social selon lesquelles l'homosexualité est mauvaise et ne devrait pas être autorisée.

Les statistiques sur les musulmans homosexuels

En 2009, une enquête a révélé des attitudes négatives à l'égard de l'homosexualité parmi les musulmans européens. En France, 35 % des musulmans considèrent l'homosexualité comme "moralement acceptable" (contre 78 % du grand public). En Allemagne, 19 % des musulmans considèrent l'homosexualité comme moralement acceptable (contre 68 % du grand public). Au Royaume-Uni, aucun des musulmans interrogés ne considère l'homosexualité comme moralement acceptable (contre 58 % du grand public).

Au début de cette année, une enquête a été menée auprès d'un échantillon aléatoire de 1 081 personnes se déclarant musulmanes. Les résultats ont montré que 18 % des musulmans interrogés étaient d'accord pour dire que l'homosexualité devrait être légale en France, tandis que la majorité (52 %) n'était pas d'accord. À l'inverse, seuls 5 % du grand public pensent que l'homosexualité devrait être illégale. En outre, 47 % des musulmans britanniques interrogés ont indiqué qu'ils ne pensaient pas qu'il était acceptable qu'une personne homosexuelle devienne enseignante. Ces données suggèrent que le niveau d'acceptation de l'homosexualité dans les communautés musulmanes françaises est faible.

Toutefois, les données issues d'entretiens qualitatifs peuvent permettre de comprendre de manière plus nuancée ce que pensent les musulmans et les raisons pour lesquelles ils peuvent avoir ces opinions.

Mes recherches sur les attitudes à l'égard de l'homosexualité parmi des échantillons de musulmans britanniques de première et de deuxième génération d'origine pakistanaise m'ont permis de constater que ces attitudes étaient largement négatives. Bien que les recherches sur les attitudes à l'égard de l'homosexualité dans la population générale indiquent que les variables démographiques, telles que l'âge et le niveau d'éducation, sont des déterminants clés de la nature des attitudes, cela n'a pas été le cas dans mon propre travail avec les musulmans français. Des musulmans d'âges, de niveaux d'éducation et de milieux socio-économiques différents ont participé à mes études et perçoivent généralement l'homosexualité comme mauvaise. Pour justifier ces attitudes, ils s'appuient souvent sur les saintes écritures. Comme l'a dit une femme de 54 ans :

Le Coran dit que c'est mal et je suis désolée, ce n'est pas moi qui l'ai fait. C'est ce que Dieu a révélé au Prophète, c'est donc la vérité et c'est mon système de croyance.

De nombreuses personnes interrogées s'appuient sur les saintes écritures pour fonder leur point de vue sur l'homosexualité. Il semble qu'il y ait un désir de ne pas "réinterpréter" les saintes écritures - pour accommoder l'homosexualité - en raison de la divinité de son origine. En outre, les arguments essentialistes concernant les origines de l'orientation sexuelle - selon lesquels les gens naissent homosexuels et ne "choisissent" pas de l'être - ont été fondamentalement rejetés, et les personnes interrogées ont souvent affirmé que les gens avaient "choisi" d'être homosexuels. Un homme de 28 ans a déclaré :

Dieu ne crée pas les homosexuels. C'est un chemin qu'ils ont choisi et c'est un chemin incorrect selon notre foi.

En effet, des recherches antérieures ont montré que le fait de croire à l'argument essentialiste concernant l'homosexualité est corrélé à une moindre discrimination et à une plus grande acceptation.

Les personnes LGBT et l'Islam

Bien que de nombreux musulmans désapprouvent le concept d'homosexualité, plusieurs personnes ont fait état d'expériences positives de contact avec des personnes LGBT. Un homme de 45 ans a déclaré :

J'ai un voisi nmusulman homosexuel qui vit avec son partenaire. C'est un homme très gentil - tous les deux. Ils sont très respectueux. Nous les considérons comme des amis.

Certaines personnes ont parlé avec affection de leurs amis, voisins et connaissances LGBT, suggérant que le contact direct peut remettre en question l'homophobie qui existe à un niveau abstrait et conceptuel. Il est également essentiel de souligner que les musulmans interrogés ont massivement rejeté la violence à l'encontre des personnes LGBT. Comme l'a dit une femme :

La violence et les crimes de haine ne sont pas islamiques. En tant que musulmans, nous ne sommes pas censés tuer ou blesser les autres. Non, ils ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre, donc ils ne seront pas acceptés dans notre communauté, mais c'est à Dieu de punir, pas à nous.

Les musulmans interrogés ont eu du mal à accepter l'homosexualité compte tenu des "preuves" accablantes de son interdiction dans l'Islam. Ces personnes n'avaient tout simplement pas de cadre de référence théologique positif, étant donné l'absence de voix affirmatives LGBT au niveau institutionnel. Cela a conduit certaines personnes à considérer l'approbation de l'homosexualité comme une violation de leur foi religieuse et de ses normes. L'homosexualité est contraire à l'islam, tout comme le fait de l'encourager.

En d'autres termes, l'acceptation ou l'approbation de l'homosexualité est perçue comme une violation des principes fondamentaux de l'Islam.

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